lundi 17 avril 2017

La Belgique vue par Johan Van Herck et Dominique Monami-Van Roost

Les quadragénaires Johan Van Herck (né en 1974 à Herentals) et Dominique Monami-Van Roost (née en 1973 à Verviers) sont deux anciens joueurs de tennis. Ils sont aujourd'hui les capitaines des équipes nationales belges masculine et féminine de tennis pour la Coupe Davis et la Fed Cup. Ils se sont exprimés au sujet de la Belgique dans une interview commune aux quotidiens du groupe Sud Presse :

"Etre belge, on sent que c'est inscrit profondément en vous?
- JVH :  Je suis belge, j'aime mon pays, c'est aussi simple que ça. C'est là que je suis né et que j'ai toutes mes attaches. J'ai beaucoup voyagé durant ma carrière, j'ai vu beaucoup de pays, mais je n'ai jamais pensé une minute à quitter la Belgique. J'aime Anvers, j'habite tout près, mais aussi Liège, Bruxelles, etc. On a tout en Belgique, sauf le beau temps que je vais chercher de temps en temps sur la Côte d'Azur pour des vacances en famille. Mais je reviens toujours au pays!
- DM :  J'ai épousé un Flamand,  Johan est marié avec une francophone, nos enfants parlent les deux langues :  on est de vrais belges et fiers de l'être! On aime profiter de la vie et on vit bien en Belgique. Moi, durant ma carrière, je n'ai jamais envisagé de m'installer ailleurs, même à Monaco.... Je reviens toujours à mes origines, c'est fondamental.

- Que vous évoque le mot séparatisme?
- JVH : Moi, je ne veux pas perdre de l'énergie là-dedans, surtout que je n'ai aucune clé pour voir le dessous des cartes. J'ai ma vérité, je défends les valeurs du pays et je fais en sorte que mon attitude soit conforme à ça. En fait, c'est juste naturel.
- DM :  La montée du séparatisme, qu'on sent surtout se développer du côté des politiques, c'est juste débile, je n'ai pas d'autre mot. Toute ma vie, j'ai joué et j'ai grandi avec un drapeau belge à côté de mon nom, et pas un autre!

- Quelle langue parlez-vous au sein de vos équipes respectives?
- JVH :  Tout se fait en français en Coupe Davis car le staff est majoritairement francophone. Même quand j'envoie un message à Ruben Bemelmans, il est en français! Parfois, j'ai un peu de difficultés à trouver le bon mot dans mes speeches, mais c'est comme ça et ça ne pose pas de problèmes. Je peux aussi parler le néerlandais quand Ruben et Joris jouent ensemble en double, par exemple.
- DM : Moi, tout se fait en anglais car j'ai aussi Maryna Zanevska dans l'équipe. Maintenant, quand elle n'est pas concernée, tout est en néerlandais. Aucun problème.

- Le hockey et les Diablotins ont lancé une mode de l'hymne national chanté a cappella. Le tennis suivra-t-il?
- JVH :  C'est beau, mais çà demande une certaine énergie ou ça peut provoquer un stress à partir du moment où ce n'est pas votre démarche. Je sais que Steve aimerait qu'on le chante, mais tous les joueurs ne sont pas aussi à l'aise que Steve. C'est très personnel, en fait, et je ne veux pas qu'on dépense de l'énergie alors que la Coupe Davis en pompe déjà tellement. Un match de foot, on sait que ça dure 90 minutes, et puis fin. Quand vous vous lancez dans un week-end de Coupe Davis, vous savez quand ça démarre chaque jour mais jamais quand ça finit. Chaque détail, comme épargner de l'énergie et bien cibler les priorités, compte et je pense qu'on est très fort, nous, dans cette gestion.
- DM :  Avec les trois langues, l'hymne national belge, c'est compliqué à gérer, de fait, et ce n'est pas nouveau. Je préfère un joueur qui respecte nos valeurs à un joueur qu'on oblige à chanter et qui par la suite perd toute crédibilité par sa mauvaise attitude.

- Y a-t-il tout de même un aspect belge qui vous irrite?
- JVH :  On est trop modeste, voire trop critique en Belgique. On ne croit pas suffisamment aux talents qu'on a dans bien des domaines. On est un peu élevé comme ça : on préfère mettre le doigt sur le négatif plutôt que de souligner le positif. Tout doit être parfait avant de pouvoir dire que c'est bon.
- DM :  C'est clair qu'on n'est pas assez chauvins comme les Français ou les Hollandais peuvent l'être. Ce qui ne veut pas dire qu'on doit devenir arrogants, mais être plus confiants et oser dire qu'on est favoris, par exemple, quand on l'est. On manque d'audace et d'investissement en Belgique car on ne croit pas assez en nos propres richesses ou talents, ce qui est parfois dingue.

- Justement, quel est le regard de l'étranger sur le tennis belge?
- JVH :  Je peux vous dire qu'il y a énormément de pays qui nous jalousent car je pense qu'avec nos petits moyens, on arrive à des résultats extraordinaires depuis plus de vingt ans. Je pense qu'on a de vrais experts au niveau de la formation en Belgique et ce n'est pas pour rien que la toute puissante fédération anglaise est venue chercher des gars comme Steven Martens, Carl Maes ou le regretté Julien Hoferlin. Je crois qu'en Belgique, on ne se rend pas vraiment compte de l'image que le tennis belge a à l'étranger. Ici, on doit se battre pour avoir de la reconnaissance. On en revient au Belge trop modeste.
- DM :  Le public belge aimerait toujours avoir des Kim, des Justine et des David, mais il ne faut pas que ces exceptions deviennent la norme. On ne sait pas créer sur un claquement de doigts des Top 50, Top 30 ou Top 10. Regardez depuis combien de temps un grand pays sportif comme l'Allemagne attend de vrais successeurs à Boris Becker et Steffi Graf. La force du tennis belge, c'est d'être efficace avec les petits moyens dont il dispose. Ceci, grâce à des experts et à des remises en question permanentes. Et on n'a pas peur non plus d'aller voir ce qui se fait de mieux à l'étranger. Tout n'est pas parfait mais on est débrouillard dans le tennis belge".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Aaaaah ces Verviétois, valet! On est todi so fîr d'aveur situ aussi dans un trou comme à Vervî (et moi aussi...)