mardi 14 août 2012

20 ans de carrière littéraire pour Amélie Nothomb

A l'occasion de ses 45 ans, de la sortie de son nouveau roman et du 20ème anniversaire du début de sa carrière littéraire, l'auteur Amélie Nothomb a répondu aux questions de Valérie Trierweiler, Première Dame de France, pour l'hebdomadaire "Paris Match" :  http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2012/08/interview-damelie-nothomb-par-valerie.html

"Les Catilinaires" est le premier roman d'Amélie Nothomb que j'ai lu. Elle m'a fait passer deux heures agréables, sans aucun ennui. Emile, le narrateur, explique son rêve dans les premières pages :  "J'étais professeur de latin et de grec au lycée. J'aimais ce métier, j'avais de bons contacts avec mes rares élèves. Cependant, j'attendais la retraite comme le mystique attend la mort. Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etude, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous. Notre propre mariage nous a laissé l'impression d'une formalité. Juliette et moi, nous voulions avoir soixante-cinq ans, nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde. Citadins depuis notre enfance, nous désirions vivre à la campagne, moins par amour de la nature que par besoin de solitude. Un besoin forcené qui s'apparente à la faim, à la soif et au dégoût".

Après avoir déniché la maison de leurs rêves, le couple subit chaque après-midi entre 16h et 18h la visite du voisin antipathique et sans-gêne, qui ne prend aucun plaisir à la vie. Trop bien élevé, Emile accepte cette situation jusqu'au jour où sa colère éclate et il refuse de le laisser entrer. Les mois passent... Emile ne revoit l'intrus que pour le sauver du suicide. Il comprend ensuite qu'un homme dépourvu du désir de vivre n'a qu'un droit, celui de mourir, et il va s'employer à l'aider. Ce roman alterne humour et réflexions, plus profondes. La fin n'est pas prévisible, ce que j'apprécie. Voici le dernier paragraphe du livre :

"Aujourd'hui, il neige, comme il y a un an, lors de notre arrivée ici. Je regarde tomber les flocons. "Quand fond la neige, où va le blanc?" demandait Shakespeare. Il me semble qu'il n'y a pas de plus grande question. Ma blancheur a fondu et personne ne s'en est aperçu. Quand je me suis installé à la maison, il y a douze mois, je savais qui j'étais : un obscur petit professeur de grec et de latin, dont la vie ne laisserait aucune trace. A présent, je regarde la neige. Elle fondra sans laisser de trace, elle aussi. Mais je comprends maintenant qu'elle est un mystère. Je ne sais plus rien de moi".

Dans le livre autobiographique "Ni d'Eve, ni d'Adam" , elle raconte son idylle en 1989-1990 avec Rinri, un jeune Tokyoïte, à qui elle donnait des cours de français. Amélie nous fait découvrir les us et coutumes du Japon, un pays qu'elle adore et où elle a vécu plusieurs années lorsque son père y était ambassadeur de Belgique. Elle nous parle de ses liens très forts avec sa soeur Juliette et des moments agréables passés avec son petit ami gentil et intéressant.

Cette vie douce et paisible s'interrompt lorsqu'Amélie devient employée dans une compagnie nippone (voir le livre "Stupeur et tremblements") et lorsque Rinri lui propose de l'épouser. Elle ne répond ni oui, ni non :  "Quel soulagement d'avoir trouver la solution des fiançailles! C'était une réponse liquide en ceci qu'elle ne résolvait rien et remettait le problème à plus tard".

Il y a aussi le virus de l'écriture :   "Quitter ma bourrelle et bénéficier de l'aisance matérielle, jouir du farniente à perpétuité avec pour seule condition de vivre en compagnie d'un garçon charmant, qui eût hésité? Moi, sans que je ne puisse ne l'expliquer, j'attendais autre chose. Je ne savais en quoi elle consisterait, mais j'étais sûre de l'espérer. Un désir est d'autant plus violent qu'on en ignore l'objet. La part consciente de ce rêve était l'écriture qui m'occupait déjà tellement. Certes, je ne m'illusionnais pas au point de croire être publiée un jour, encore moins y trouver un moyen de subsistance. Mais je voulais absolument tester cette expérience, ne fût-ce que pour n'avoir jamais à regretter de ne pas l'avoir essayée".

En janvier 1991, Amélie démissionne et quitte le Japon pour rejoindre la Belgique. Elle est sûre de sa décision :   "C'était parce qu'il n'y avait pas de mal en lui que je l'aimais beaucoup. C'était à cause de son étrangeté au mal que je n'avais pas d'amour pour lui".

A Bruxelles, Amélie vit avec sa soeur et écrit son premier roman, "Hygiène de l'assassin". Rinri prend de ses nouvelles :   "Jamais de reproche. Il était gentil. J'avais un peu mauvaise conscience, mais cela passait vite. Peu à peu, les coups de téléphone s'espacèrent jusqu'à cesser. Me fut épargné cet épisode sinistre entre tous, barbare et mensonger, qui s'appelle la rupture".  Les anciens fiancés se revoient en 1996 lors de la promotion d'un roman d'Amélie traduit en japonais. Rinri s'est marié avec une jeune Française.

Dans "Le voyage d'hiver" , Zoïle - agé d'une quarantaine d'années - nous explique pourquoi il va détourner un avion de Roissy et le faire s'écraser sur la tour Eiffel. La tour Eiffel est en forme de A comme Astrolabe, la femme dont il est amoureux. Mais Zoïle n'a pu vivre pleinement son histoire d'amour car Astrolabe tient à s'occuper jour et nuit de la romancière autiste Aliénor Molèze dont il n'est pas parvenu à se débarrasser.

Parmi les cinq livres d'Amélie Nothomb que j'ai déjà lus, j'ai adoré les deux romans autobiographiques "Stupeur et tremblements" et "Ni d'Eve, ni d'Adam" qui se déroulent au Japon ; j'ai détesté le glauque "Hygiène de l'assassin" ; j'ai aimé "Les Catilinaires" et "Le voyage d'hiver" mais ils ne m'ont pas marqué et ne me donnent pas l'envie de les relire.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

*** Coucou Petit Belge !!!

J'aime beaucoup Amélie Nothomb !!!! J'aime sa façon d'écrire et je dévore ses livres !
Dès qu'elle en sort un nouveau je suis comme beaucoup de lecteurs et lectrices ... je l'achète de suite et en général, je me régale ! :o)

Merci de nous parler de son oeuvre ! Amélie Nothomb est "une grande" !!!!

Pardonne-moi ... je suis totalement fan de cette écrivaine belge née en 1967 (comme moi) !!! ;o) ***

Serge l'Optimiste a dit…


Cher Petit Belge, je vais ramer à contre-courant mais, en toute honnêteté, elle ne fait pas partie de mes auteurs préférés (et je n'aime non plus pas sa tenue vestimentaire un peu snobinarde) mais, mes goûts étant personnels donc subjectifs, j'apprécie la mise à l'honneur de cet auteur belge que la France semble apprécier.

Tania a dit…

Un entretien avec une dite "première dame", c'est du Amélie Nothomb tout craché, ça. Merci de nous l'avoir signalé.
J'ai beaucoup ri en lisant "Stupeur et tremblement", mais certains livres d'elle que j'ai ouverts me sont tombés des mains - 75 manuscrits !!! Une boulimie d'écriture, elle en est consciente et ne manque pas d'humour.

Célestine ☆ a dit…

Déjà vingt ans! c'est incroyable comme le temps passe. Je me souviens d'un des premiers romans que j'ai lu d'elle,c'était Hygiène de l'Assassin. J'avais été subjuguée!

la bacchante a dit…

Tu vas sans doute te régaler avec cela:
http://www.franceculture.fr/emission-les-bonnes-feuilles-barbe-bleue-d-amelie-nothomb-2012-07-24

Henri Desterbecq a dit…

Contrairement à Philippe j'aime beaucoup la lire. Surtout question de style. Un auteur belge apprécié en France, alors, cocorico.
Amicalement. dinosaure80.

Philippe D a dit…

Me voilà de retour après une petite pause (la dernière avant la rentrée) passée en Normandie.
Il va falloir que je retente du Nothomb, un de ces jours. Je n'ai pas aimé le premier que j'ai lu; du coup, j'ai abandonné l'auteure.
Bon dimanche.