samedi 21 juin 2008

Nouvelles enquêtes sur l'avenir de la Belgique

Selon une étude de la Katholieke Universiteit van Leuven auprès d'un millier d'électeurs flamands entre septembre 2007 et janvier 2008 :

45,8 % veulent plus de compétences pour les régions et communautés.
20,2 % sont pour un statu quo institutionnel.
10,9 % veulent plus de compétences pour le gouvernement fédéral.
11,4 % sont pour le retour à un Etat unitaire (suppression des régions et communautés).
9,4 % sont pour la scission de la Belgique.

Fin 2007, l'Université Catholique de Louvain a mené une enquête similaire auprès des Wallons :

44,84 % sont pour le retour à un Etat unitaire (suppression des régions et communautés).
21,95 % veulent plus de compétences pour le gouvernement fédéral.
12,33 % sont pour un statu quo institutionnel.
16,95 % veulent plus de compétences pour les régions et communautés.
3,93 % sont pour la scission de la Belgique.

Les auteurs de cette enquête de l'UCL font remarquer : "Les Wallons restent non seulement belges, mais l'évolution récente de l'actualité politique après les élections de juin 2007 les conforte encore dans ce choix par rapport à leur position de 2003. Il y a plus de Wallons qui sont pour le rétablissement de la Belgique unitaire après les élections de 2007 qu'après celles de 2003 (44% contre 31%)".

Il faut, bien entendu, toujours être prudent avec de telles enquêtes mais elles sont cependant plus fiables que des micro-trottoirs ou sondages sur Internet. On constate des différences entre le nord et le sud du pays sur la répartition des compétences entre l'Etat fédéral, les régions et communautés, mais il faut aussi souligner qu'il y a moins de 10% de séparatistes tant au nord qu'au sud (9% en Flandre et 3% en Wallonie)...

vendredi 20 juin 2008

Un nouveau Belge célèbre : Eric-Emmanuel Schmitt

Je me réjouis que l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt ait reçu la nationalité belge en ce mois de juin 2008. Né à Lyon en 1960, il est l'un des auteurs francophones les plus lus. On lui doit notamment "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", "Oscar et la dame rose", "La rêveuse d'Ostende" et "Le libertin". Il habite depuis plusieurs années en Belgique, où il a tourné son film "Odette Toulemonde". Eric-Emmanuel Schmitt a réagi par communiqué :

"Dans cette histoire-là, c'est moi qui ai fait les premiers pas. J'ai adopté ce pays avant qu'il ne m'adopte. Ouf, je ne me suis pas pris un râteau! Je suis donc étrangement ému de recevoir cette nationalité. La première nationalité qu'on reçoit à la naissance, on ne la quitte jamais mais on ne l'a ni voulue, ni désirée. De même qu'on appartient à sa famille et qu'on choisit ses amis, je viens de France et j'ai choisi la Belgique. Et, si cette seconde nationalité-là me paraît amicale, c'est parce que, comme l'amitié, elle s'est décidée à deux : je t'ai choisi, tu m'as choisi. Pourquoi la Belgique? Parce que c'est un pays chaleureux malgré son climat. Parce que c'est un pays modeste, bien qu'il abrite la capitale de l'Europe. Parce que c'est un pays trilingue, ouvert aux autres, constitué de multiples communautés, qui préfigure ce que sera l'univers de demain. Parce que c'est un pays de culture qui pratique la folie douce. Parce que c'est un pays de cocagne où il est impossible de faire un régime, ce à quoi j'ai renoncé depuis longtemps. Parce que c'est un pays si petit qu'il vous conduit, après quelques semaines à Knokke ou en Ardennes, à visiter le vaste monde. C'est ici que je vis, que j'aime, que je travaille. Depuis six ans, ma vie de citoyen se trouve à Bruxelles et, au lieu de voter sur la planète Mars, je vais pouvoir, comme tout homme, peser par mon vote. Désormais, je m'étriperai à armes égales avec mes amis sur la politique belge, ce qui, l'âge venant, constitue une gymnastique pour le cerveau tout aussi exigeante que d'apprendre le chinois. Que vais-je gagner? Que vais-je perdre? Désormais, lorsque je dirai une bêtise, on dira "C'est normal, il est belge", on m'excusera. Désormais, lorsque j'aurai une fulgurance de fantaisie, on dira "C'est normal, il est belge", on minorera. En tous cas, on va enfin comprendre pourquoi, depuis toujours, je grasseyais mes r. Quant à moi, je vais enfin comprendre pourquoi, depuis toujours, je ne connais qu'une seule chanson par coeur : "Le plat pays" de Jacques Brel. Ce n'est pas l'hymne national belge? Il faudrait que je le demande à Mr Leterme".

mardi 17 juin 2008

Bonnes nouvelles pour le sport belge

Je félicite les sportifs belges qui se sont illustrés ce week-end. En cyclisme, Maxime Montfort a terminé 9ème au classement final du Tour du Dauphiné libéré. Cela faisait 22 ans qu'un Belge n'avait plus fait partie du Top 10 de ce tour. Maxime Montfort a ensuite confié à la presse : "Je suis content d'avoir tenté ma chance à plusieurs reprises. Je termine évidemment fatigué, mais je considère que ma neuvième place est un bon résultat. Maintenant, place à la récupération. Mardi, je vais à Isola 2000 pour un stage en altitude, mais les premiers jours, je descendrai rouler dans la plaine. Ensuite retour en Ardenne avant le championnat de Belgique. C'est toujours un plaisir pour moi de rouler au National, même si le circuit n'est pas trop fait pour moi cette année. Ensuite, on sera vite au rendez-vous de ma saison : mon premier Tour de France".

En tennis, Kirsten Flipkens (WTA 152) a remporté le tournoi de Marseille, une épreuve du circuit IFT disputée sur terre battue et dotée de 75.000 dollars. De son côté, à Birmingham, Yanina Wickmayer a disputé sa première finale d'un tournoi du circuit de la WTA. Elle a malheureusement dû s'incliner face à Kateryna Bondarenko, mais ce tournoi lui a permis de gagner vingt places au classement de la WTA : elle est désormais la 66ème joueuse mondiale.

En athlétisme, le quatuor Jonathan Borlée-Cédric Van Branteghem-Nils Duerinck-Kevin Borlée a amélioré, ce week-end, le record de Belgique en 4x400m masculin (3.02.13) et atteint le fameux minimum olympique leur permettant d'aller aux J.O. de Pékin. Bravo à tous!

lundi 16 juin 2008

Les 80 ans d'Annie Cordy

Ce 16 juin 2008, notre compatriote Annie Cordy fête son 80ème anniversaire et conserve toujours autant d'énergie, de dynamisme et de bonne humeur. De son vrai nom Leonie Cooremans, elle est née à Laeken. Durant son enfance, elle participe à des concours et suit des cours de danse et de piano. Dès ses 18 ans, elle est meneuse de revue au "Boeuf sur le toit" à Bruxelles, où elle est remarquée par le patron du célèbre Lido. Elle s'installe en 1950 à Paris, change son nom en Annie Cory puis Annie Cordy, et rencontre son futur époux Bruno, décédé en 1989.

A partir de 1952, elle fait ses débuts dans l'opérette "La Route Fleurie" de Francis Lopez aux côtés de Bourvil et Georges Guétary. Parallèlement, elle débute une carrière de chanteuse et se produit sur la scène de l'Olympia et...au mariage du prince Rainier de Monaco et de Grace Kelly en 1956. Annie joue avec Luis Mariano dans les opérettes "Le chanteur de Mexico" et "Visa pour l'amour".

Au cours de sa très longue carrière, Annie Cordy a démontré qu'elle était une artiste polyvalente : chanson, opérette, cinéma, télévision, théâtre, etc. On pense bien sûr à ses grands succès ("La bonne du curé", "Tata Yoyo", "Cho Ka Ka O", "Ca ira mieux demain", "Frida Oum Papa", "Hello Dolly", etc.), mais aussi ses rôles dramatiques dans les films "Le Passager de la Pluie" et "Rue Haute" (Award de la meilleure comédienne), sa participation aux pièces de théâtre "Madame Sans Gêne" et "Les joyeuses commères de Windsor". Elle a également doublé en 2003 le personnage nommé Nanaka dans le dessin animé "Frère des ours" et commenté "Moi, Belgique", une série de documentaires diffusés en prime time sur la RTBF pour les 175 ans de l'indépendance de la Belgique.

Le roi Albert II lui a octroyé le titre de baronne et elle a choisi "La passion fait la force" comme devise. Lors de l'émission consacrée par la RTBF à ses 80 ans et ses 60 ans de carrière, Annie Cordy en a profité pour présenter son sympathique petit-cousin flamand Udo, qui commence une carrière de chanteur. Bon anniversaire Annie!

Plus d'infos sur www.annie-cordy.com et www.udo.be

dimanche 15 juin 2008

L'écrivain-journaliste belge Pascal Vrébos

Voici un article du dernier numéro de la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres en communauté française :

Animateur de télévision et de radio, connu pour le ton direct qu'il adopte dans la présentation du débat dominical "Controverses" et dans ses interviews de personnalités politiques sur RTL-TVI, Pascal Vrébos est à la fois professeur, essayiste et romancier, mais c'est avant tout un homme de théâtre fécond dont l'oeuvre compte à ce jour vingt-cinq titres. C'est d'ailleurs par le théâtre que débuta sa carrière littéraire : "J'ai écrit ma première pièce de théâtre à dix-sept ans et j'en suis à ma vingt-cinquième, dont dix-sept ont été publiées. Le Cri va ré-éditer l'ensemble de mes pièces en 2008. A côté de cela, j'ai écrit un peu moins d'une vingtaine de livres, dont deux essais sur la Russie juste avant la chute du Mur, un livre de conversation avec Henry Miller et un certain nombre de romans. Mais ce qui est constant chez moi, c'est l'écriture de théâtre. C'est celle à laquelle je tiens le plus".

Pourquoi cette passion pour le théâtre? "Peut-être le fait d'avoir vu tout Molière au palais des Beaux-Arts, étant petit, m'a-t-il laissé ce sentiment qu'au théâtre, tout est possible, que c'est du direct. Pour moi, l'écriture de théâtre est à la fois politique et mythologique, temporelle et intemporelle. C'est cela qui me plaît".

Très présent en télévision et en radio sur la chaîne privée, Pascal Vrébos ne se considère cependant pas comme un professionnel des médias : "Je ne suis pas journaliste à proprement parler. Je n'ai pas de carte de presse, car les médias ne constituent pas mon occupation principale. J'ai fait les romanes, puis la sémiologie à Paris et, en fait, je suis chargé de cours à temps plein dans l'enseignement supérieur".

Et voit-il un lien entre les deux versants de son activité débordante? "Aucun, si ce n'est qu'être en contact avec toutes les strates de la population, depuis le haut jusqu'aux citoyens lambda, c'est un poste d'observation très balzacien : on voit défiler la comédie humaine. Et puis, dans un débat télévisé, il y a une dramaturgie, quelque chose de théâtral. Sinon c'est très différent : avec les médias, on est dans le domaine de l'éphémère, ce qui n'est en principe pas le cas de l'écriture littéraire, sauf pour le théâtre qui est également un art de l'éphémère, mais dont l'écriture est bien là".
Entretien réalisé par René Begon pour la revue "Le Carnet et les Instants".

vendredi 13 juin 2008

Nouvelles enquêtes

Selon une étude de la Katholieke Universiteit van Leuven dévoilée cette semaine et réalisée auprès d'un millier d'électeurs flamands entre septembre 2007 et janvier 2008 :
45,8 % sont pour un Etat fédéral où les régions et communautés reçoivent encore plus de compétences.
20,2 % sont pour un statu quo institutionnel.
10,9 % veulent un Etat fédéral plus fort.
11,4 % souhaitent le retour à un Etat unitaire (suppression des régions et communautés).
9,4 % sont pour la scission de la Belgique.

A votre tour, vous pouvez donner votre avis sur l'avenir institutionnel de la Belgique et la création d'une circonscription fédérale en répondant aux questions posées sur le site www.jevotepourlabelgique.be ou sur le site www.ikstemvoorbelgie.be Ce questionnaire a été rédigé, entre autres, par Philip Hermann dont le blog est renseigné parmi mes liens ci-contre. Les résultats seront dévoilés début juillet.

lundi 9 juin 2008

Lu sur le blog du ministre Benoît Cerexhe (CDH)

A côté de ses responsabilités politiques, le ministre régional bruxellois Benoît Cerexhe nous parle sur son blog de son attachement à la Belgique. J'ai repris ci-dessus deux de ses récents articles (source : http://cerexhe.blogspot.com).

Sur Justine Henin : "Justine Henin vient d'annoncer son retrait définitif du circuit professionnel en pleine gloire. Je voudrais la féliciter pour deux raisons. Pour son parcours exceptionnel qui est resté durant 117 semaines numéro 1 mondiale et qui a à son actif 41 victoires en tournoi dont 7 Grands Chelems (4 Roland Garros, 2 US Open et 1 Open d'Australie) et une médaille d'or olympique conquise à Athènes en 2004. Justine Henin a permis de faire vibrer, rêver et de réunir tout un peuple derrière elle, que ce soit aussi bien des Flamands, des francophones ou des germanophones. Justine Henin est un modèle sportif de réussite. Elle a su atteindre son rêve d'enfant à force de volonté, de ténacité et de sacrifice. Je voudrais également la féliciter pour son courage d'arrêter sa carrière au sommet de sa gloire, sans regret et tristesse. Oui, nous allons te regretter chère Justine".

Sur le cinéma belge : "Dix films et sept prix au festival de Cannes 2008 : une cuvée exceptionnelle pour le cinéma belge, une reconnaissance internationale des talents de nos cinéastes. Je les félicite et me réjouis de leur succès. Au public belge à présent de leur faire honneur et de leur accorder leur confiance en allant voir Eldorado, Rumba, Le Silence de Lomo, Moscow, Belgium, Eleve Libre, Home,... avant de succomber à l'attrait facile des productions américaines ou des grosses comédies françaises. Les films les plus inventifs, les plus loufoques, les plus pittoresques, les plus généreux viennent de chez nous. Saisissons les occasions d'être fiers de notre pays, toutes régions confondues, applaudissons ses créateurs et ses artistes, qui donnent de notre pays une autre image que celle d'un pays englué dans ses problèmes".

dimanche 8 juin 2008

Le sport belge

Dans "La Libre Match", le journaliste Rodrigo Beenkens rend un bel hommage à notre compatriote Eddy Merckx : "Eddy Merckx est au cyclisme ce que Picasso est à la peinture, Einstein à la science, Molière au théâtre, Chaplin au cinéma ou ce que les Beatles sont à la pop musique. Aujourd'hui encore, plus de trente ans après avoir mis un terme à sa carrière, il demeure un symbole national, une carte de visite pour la Belgique. Il faut bien réaliser que, dans la seconde moitié des années 1960, la Belgique est en plein marasme, en pleine crise politique, linguistique et sociale lorsqu'un gamin, coureur cycliste, se met à gagner. Il gagne un jour, le lendemain, et puis encore le surlendemain. Eddy Merckx devient l'incarnation de la victoire. Le Belge a l'impression de gagner avec Merckx. Grâce à Eddy, le Belge reprend confiance en lui. Grâce à Merckx, on est désormais fier d'être belge. A ce plat pays que chantait Brel, il donne subitement du relief! C'est Tintin, pas en B.D. mais en chair et en os. Et puis, il met la moitié de la population belge (y compris les intellectuels) sur un vélo. Personne n'en a jamais fait autant pour la santé publique en Belgique! Bien au-delà d'un palmarès que personne n'égalera jamais et auquel il faut ajouter le coefficient Merckx (le respect de l'adversaire), je garde surtout l'image d'un homme attachant, fort et fragile, drôle et sensible. Un homme de coeur et de parole. Dans ce pays où ceux qui réussissent sont de plus en plus systématiquement critiqués ou même attaqués, Eddy Merckx est une exception, un seigneur. Son humilité est complètement anachronique dans un monde où la plupart de ceux qui jouent les divas ne lui arrivent même pas à la cheville".

Mais le sport belge ne se résume pas aux pages glorieuses du passé (Eddy Merckx, l'épopée mexicaine des Diables Rouges en 1986, Justine Henin et Kim Clijsters). Le week-end dernier, Tom Boonen a remporté la cinquième étape du Tour de Belgique et Stijn Devolder a gagné une étape et le classement final du Tour de Belgique. Enfin, signalons un site Internet entièrement consacré au tennis belge : www.tennis-belge.be

samedi 7 juin 2008

Activité de BPlus Charleroi

Après les conférences de Tony Mary et Etienne Davignon, la section de BPlus Charleroi invite Wallons, Flamands et Bruxellois à une journée de détente le dimanche 15 juin 2008 à 10h au Bois du Cazier à Marcinelle, près de Charleroi. Le matin, montée au sommet du terril Saint-Charles avec un guide nature pour apercevoir le panorama depuis la plate-forme aménagée à 241m d'altitude. L'après-midi, visite guidée de l'Espace 8 août 1956 et du Musée de l'Industrie, retraçant l'histoire technique, sociale et économique de la Wallonie. Prix : 5 euros.
Réservation souhaitée auprès de Jean-Claude Nicolas, secrétaire de BPlus Charleroi : jeanclaude.nicolas@compagnet.be

J'en profite pour vous rappeler quelques blogs bien belges à découvrir et à faire connaître :
http://bplus-acties-actions.skynetblogs.be
http://belgeetfierdeletre.skyrock.com
http://belgium4ever.over-blog.com
http://www.e-monsite.com/belgiebelgiqueunie
http://royale-belgique.skynetblogs.be
http://mouv-dynastique.skynetblogs.be

Il y a aussi www.belgie-anders.be et www.medium4you.be, qui reprend des articles de blogs francophones et néerlandophones avec une interface entièrement bilingue.

jeudi 5 juin 2008

Hommage à l'écrivain Hugo Claus

Voici l'hommage rendu par Jean-Luc Outers à Hugo Claus (1929-2008) dans l'éditorial du périodique bimensuel et gratuit "Le Carnet et les Instants" :

"Pourquoi le portrait d'Hugo Claus en couverture de notre périodique voué aux lettres belges de langue française? Ecrivain flamand, géant de la littérature (son nom fut souvent cité parmi les favoris du Nobel), Hugo Claus était universel. Profondément attaché à la Flandre, il l'a pourtant malmenée, ses politiques, son clergé, cette mentalité de bien-pensants pétrie de certitudes et d'hypocrisies. "Deux choses préoccupaient le ministre ce jour-là, son poids et la mort" : tel est l'incipit de son roman "Belladonna", tout un programme. Mais il y revenait sans cesse malgré ses exils à Amsterdam, à Rome, en Provence et ailleurs. Il avait quelque chose de Thomas Bernhard - autre enfant terrible de la littérature européenne - qui était profondément autrichien et universel. Sinon que le premier jouissait de chaque instant de la vie et que le second était un être de souffrance, tous deux nourrissaient pour leur pays une sorte d'amour-haine. Claus haïssait le nationalisme, parce qu'il haïssait la pureté. La seule idée de purification ethnique le faisait vomir. Homme d'ouverture, il paraissait partout chez lui, il parlait plusieurs langues dont le français admirablement avec cette pointe d'accent qui donnait à la langue française la saveur d'un idiome qui semblait venir d'ailleurs. La dernière fois qu'on vit sa photo à la une des journaux, ce fut le lendemain de la déroute électorale du Vlaams Belang à Anvers qui, à coup de slogans poujadistes, s'était fait fort de conquérir l'hôtel de ville. Le photographe l'avait surpris assis à une terrasse ensoleillée d'un bistrot, trinquant avec ses amis, la chope levée en signe de victoire. Ce fut la dernière image. Je me suis souvent demandé s'il n'y avait pas deux Flandres, celle que l'on connaît, nationaliste, repliée sur elle-même, et celle de ses artistes admirables qui savent que la culture, c'est l'abolition des frontières à travers les ponts que l'on jette. Hugo Claus était de ceux-là. Dans le contexte belge mais aussi européen (car la résurgence des nationalismes est européenne), il était irremplaçable. Sa voix s'est éteinte. Elle nous manquera terriblement".
Jean-Luc Outers.

Petit sondage subjectif : après le décès d'Hugo Claus, qui est, selon vous, le plus important auteur belge vivant?

mardi 3 juin 2008

Les francophones de Flandre

Voici un article du journaliste Marcel Bauwens paru dans le dernier périodique de l'Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre :

Nous vivons dans un pays de Cocagne, point de rencontre de trois langues et trois cultures, abritant la capitale de l'Europe. Nous avons toujours été enviés pour notre sens des réalités et notre art de nous tirer des situations difficiles par nos fameux "compromis à la belge". Et aujourd'hui, nous risquons de mettre fin à cette situation privilégiée! Comment faire comprendre pareil non-sens? Nous sommes, depuis toujours, à la frontière des mondes germanique et latin. Par les hasards de l'Histoire, le français, langue de dispersion mondiale et porteuse de messages de liberté et de tolérance, s'est imposée dans le nord par le pouvoir royal ou impérial et la bourgeoisie possédante. Les Flamands ont dû défendre leur langue et se sont sentis humiliés.

Il y a un demi-siècle que les choses ont changé, sauf dans l'esprit de quelques pêcheurs en eaux troubles. Les Flamands ont reconquis leurs lettres de noblesse culturelles. Flamands et francophones ont négocié entre eux le tracé d'une frontière linguistique. On pouvait espérer la paix pour longtemps. C'était sans compter avec le nationalisme exacerbé d'une minorité en Flandre. Un nationalisme qui n'est pas seulement un repli sur soi, mais qui s'accompagne d'un rejet des Belges francophones. Ces derniers, en réplique, défendent à leur tour leurs droits remis en question.

Dans cet antagonisme, s'inscrit, pour une série de raisons qu'on ne peut analyser ici, un succès électoral considérable de l'extrême-droite en Flandre. Les partis traditionnels flamands y ont vu une menace telle que, pour ne pas perdre d'électeurs, ils ont emboîté le pas au Vlaams Belang, remettant en cause les accords du passé et créant des abcès de fixation : le régime des facilités dans la périphérie de Bruxelles et la scission de l'arrondissement de BHV. Les hommes politiques flamands oublient que les francophones ont fait des concessions aux Flamands en échange des facilités et du maintien de BHV. En toute honnêteté, si l'on remet en cause ces équilibres, il faut redonner la monnaie d'échange.

Imiter le Vlaams Belang est manifestement une erreur. Tous les sondages successifs, dont le dernier date de quelques jours, indiquent qu'une large majorité de Flamands et de francophones (plus de 78%) veut continuer à vivre ensemble. La surenchère nationaliste a mené par ailleurs à une série de dérives inquiétantes. Un "wooncode" qui force les candidats à un logement social en Flandre à prouver la connaissance du néerlandais. Les autorités communales d'un village qui interdisent aux commerçants d'utiliser pour leurs affichages une autre langue que le flamand sur un marché public. Le ministre de l'Intérieur qui refuse de nommer trois bourgmestres francophones de la périphérie, démocratiquement élus, arguant du fait qu'ils ont envoyé des convocations électorales en français, etc.

Cette situation commence à ternir très sérieusement l'image de la Flandre au niveau des institutions internationales et de la presse. Le New York Times et le Herald Tribune allant jusqu'à parler d' "épuration ethnique légalisée" et de "fascisme non violent". Il semble évident que la classe politique doit se ressaisir d'urgence pour mettre fin à un climat conflictuel et retrouver la voie d'une négociation fondée sur le respect mutuel et la bonne volonté réciproque.

Qui pourra convaincre les politiciens de tourner définitivement le dos au passé et de préparer l'avenir dans un état d'esprit nouveau? Le groupe de réflexion "België Anders/La Belgique Autrement"? Ce groupe constitué à l'initiative de Rudy Aernoudt qui eut maille à partir avec l'administration flamande dont il faisait partie, en raison de ses prises de position non-conformistes, réunit des personnalités francophones et flamandes de divers secteurs d'activité. Le groupe estime qu'une réforme de l'Etat ne doit pas être un but en soi, avec comme objectif de démanteler le niveau fédéral. Elle doit être motivée par un souci d'efficacité. Le groupe plaide pour un "multilinguisme actif". Il considère "le contact entre les cultures et les langues germaniques et romanes comme une source d'enrichissement". Et appelle à "plus de collaboration entre les régions et communautés", notamment au niveau culturel.

Nous, à l'Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre, avons toujours affirmé que le chemin de l'entente passait par la signature d'un accord culturel entre communautés. De grâce, qu'un effort soit fait rapidement en ce sens. Il est insensé que la Flandre signe des accords culturels avec un tas de pays, dont la France, mais qu'elle se montre réticente à propos d'un engagement avec la communauté française. L'accord qu'elle a signé avec la France a permis à la Flandre d'être invitée d'honneur au Salon du Livre à Paris. Jan Fabre tient actuellement une exposition au Louvre. Des semaines du film français ou francophone ont lieu un peu partout en Flandre à destination des élèves de l'enseignement secondaire avec le soutien des autorités françaises. Une deuxième Quinzaine française sera organisée à Anvers en octobre. Elle a pour but "d'approfondir le dialogue et la coopération franco-flamande".

Nous applaudissons à une initiative de ce genre. Mais nous regrettons que les francophones de Flandre soient complètement oubliés. Et nous posons cette question : comment se fait-il que la France puisse financer des activités culturelles en Flandre, alors que c'est interdit à la communauté française? La signature d'un accord culturel, d'ailleurs vivement recommandé par le Conseil de l'Europe, susciterait des échanges réguliers entre nos deux communautés.

Il faut absolument que les Flamands se rendent compte des changements qui se produisent actuellement. De plus en plus de francophones apprennent le néerlandais. Les Flamands, malheureusement, semblent ne pas vouloir le remarquer. C'est pourtant un élément important de rapprochement. Il y a plein de signes positifs qui devraient inciter à la confiance et à l'ouverture. En quoi les 300.000 francophones qui vivent en Flandre, s'ils organisent des activités culturelles, mettent-ils la Flandre en péril? Pourquoi les Flamands ont-ils peur de nous? La peur irraisonnée est mauvaise conseillère. En l'occurence, la crainte d'une éventuelle "reconquista" linguistique par les francophones ne correspond pas à la réalité.

Enfin, dans une société moderne où les échanges d'informations sont quasi instantanés via Internet, en plusieurs langues simultanément, il n'y a plus de problèmes de préséance entre ces dernières. On peut rêver d'une société multilingue où chaque citoyen serait servi administrativement dans sa propre langue, tous les formulaires et documents existant en plusieurs langues... De quoi relativiser et désacraliser les problèmes linguistiques!

Marcel Bauwens, président honoraire de l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique.

dimanche 1 juin 2008

Le nageur belge Yoris Grandjean

Né en 1989 à Liège, Yoris Grandjean vient d'accorder une longue interview au journal "La Dernière Heure/Les Sports" :

"Qu'attendez-vous des Jeux Olympiques de Pékin?
- Tout d'abord, pour moi, c'est un rêve de gosse qui se réalise. J'attends donc énormément des jeux olympiques. De Pékin, j'attends plus sur le plan humain que sur le plan sportif. J'ai envie d'en avoir plein les yeux! Compte tenu de mon âge, je m'y rends pour engranger de l'expérience. Ce qui ne signifie pas sans ambition! Loin de là... J'espère donc me qualifier pour les demi-finales du 100m libre, ma distance de prédilection, soit figurer parmi les seize meilleurs mondiaux. Pour y parvenir, je devrai sans doute améliorer mon record personnel (49.09), ce qui me semble accessible.
- Quelle place ces Jeux ont-ils dans votre carrière sportive?
- Je ne le cache pas : je rêve d'être champion olympique. Mais ce ne sera pas pour cette année à Pékin. J'ai à peine 19 ans. Je suis encore trop jeune. Vous savez, ma qualification est une performance en soi, à laquelle, pour être honnête, je ne croyais pas en 2007. Ce n'est, en fait, que dans ma phase de préparation pour les championnats d'Europe en mars à Eindhoven, que j'ai pris conscience que le minimum olympique m'était accessible. Puis, j'ai ma devise : les premiers jeux pour l'expérience et les seconds pour la performance. Rendez-vous en 2012 à Londres. Ceci dit, cette échéance, je me dois de la préparer dès maintenant. C'est pourquoi j'ai choisi de m'expatrier à Antibes. J'y ai trouvé les meilleures conditions d'entraînement.
- Craignez-vous la chaleur en Chine?
- Pas du tout. Ce n'est, bien entendu, pas pareil pour nous, nageurs, que pour les athlètes, par exemple. La température étant régulée, l'atmosphère sera plus respirable à l'intérieur de la piscine qu'à l'extérieur. Je ne crains pas ces circonstances extrêmes. Comme beaucoup, j'ai passé les tests à Louvain et ils se sont révélés positifs. Compte tenu de mon âge, c'est assez logique.
- Comment êtes-vous venu à la natation?
- J'ai appris à nager, à l'âge de 3 ans, pour me débrouiller, tout simplement. En fait, je ne connaissais rien à la natation lorsque, vers 8 ans, ma soeur m'a proposé de l'accompagner à la piscine de Crisnée. C'est donc par hasard que je suis venu à ce sport. Et ce n'est qu'à l'âge de 13 ans que j'ai laissé tomber le handball que je pratiquais également. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'était la compétition. Au début, je nageais le papillon et c'est mon entraîneur de toujours, André Henveaux, qui m'a poussé vers le crawl. De toute façon, physiquement, je ne pouvais pas nager la brasse.
- Quel est le meilleur et le pire souvenir de votre carrière?
- Jusqu'en mars dernier, mon meilleur souvenir était d'avoir conservé mon titre de champion d'Europe juniors du 100 m libre en 2007 à Anvers. Mais il me semble désormais que ma participation à la finale de l'Euro seniors à Eindhoven revêt plus de valeur, même si je n'y ai pas signé mon meilleur temps. Pour ce qui est du pire souvenir, je n'en ai pas vraiment, même si j'ai été peiné quand ma soeur a arrêté la natation il y a deux ans.
- Combien d'heures par jour passez-vous à l'entraînement?
- Disons que je nage tous les jours, sauf le dimanche. Je m'entraîne au rythme de deux séances le lundi et le mardi, puis une le mercredi, ensuite deux le jeudi et le vendredi, et enfin une le samedi. La première est programmée de 7h30 à 9h30, la deuxième de 15h à 17h, ce qui représente environ 60km par semaine. Entre les deux, je me repose le plus possible. Il faut ajouter une séance de muscu le lundi et le mardi, une de course le mercredi, et encore une de stretching le samedi. Croyez-moi, mes semaines sont drôlement bien remplies. Heureusement, j'ai terminé ma rhéto.
- Si vous n'aviez pas pratiqué la natation, dans quel autre sport ou discipline vous aurait-on retrouvé?
- Aucun doute : encore un sport individuel! L'athlétisme, par exemple.
- Avez-vous un ou des hobby(s) en dehors du sport?
- Je n'ai pas de hobby à proprement parler parce que la natation occupe la majeure partie de mon temps. Entre les séances d'entraînement, il faut récupérer, sinon on ne tient pas le coup. Je consacre, chaque jour, une heure et demie à la sieste et je vais dormir assez tôt. Un hobby? Disons tout simplement l'ordinateur.
- Sport et politique sont-ils liés ou non?
- Pour moi, non. Même si le sport dépend souvent de la politique sur le plan financier... Pour ce qui est des jeux olympiques, je pense qu'il s'agit d'un événement sportif et rien d'autre. J'ai été très peiné par les nombreuses manifestations, notamment à Paris, autour de la flamme olympique. Je trouve çà vraiment regrettable.
- Quelle image avez-vous des jeux olympiques?
- Sans hésiter : la cérémonie d'ouverture des Jeux d'Athènes lorsque les cinq anneaux olympiques se sont embrasés sur une immense étendue d'eau recouvrant la piste".